Il est des sujets dont on ne soupçonne pas qu’ils puissent prêter à la plaisanterie. L’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, qui renvoie à l’égalité des deux sexes dans la société, est un sujet d’autant plus sérieux que l’objectif est loin d’être atteint. Que penser alors du dernier rapport remis par la direction ? Si la correction nous empêche de penser que sa piètre qualité globale puisse être due à une négligence volontaire, il faut bien admettre que ses erreurs parfois grossières relèvent d’une forme d’humour que n’auraient pas renié Le Canard Enchaîne ni même Charlie Hebdo !

Presque 9 mois d’attente pour un accouchement difficile

Il était pourtant attendu ce rapport. Il faut dire que le précédent datait de 2012 sur des données de 2010. Précisons, quand même, que le rapport est obligatoire et annuel ! La première version, remise le 23 avril 2014, fut directement retournée à la direction tant le document était truffé d’informations erronées, lorsqu’il y en avait ! C’est grâce à un patient travail de vérification et de relecture d’élus de l’Intersyndicale, ainsi que de rappels à la loi, que le rapport finit par s’améliorer. Pourtant, la version finale de la direction n’est pas exempte de coquilles dont nous vous reproduisons, dans ce Coquelicot, les plus savoureuses.

Des moyennes franchement moyennes

Dès les premières pages, le rapport attaque dur et affirme sans coup férir « 95 femmes ont suivi 421 jours de formation soit une moyenne de 5,05 jours ». Notre calculatrice, donne 4,4 jours. Tout aussi fâcheux, un autre tableau donne 100 femmes formées. Pour seule défense, la direction se retranche derrière le fait que les pages en question font partie d’un document précédemment publié. Nous n’avons pas encore trouvé quelle valeur d’entreprise elle cherchait à promouvoir dans sa démarche.
Plus subtil : les rémunérations. Dans deux tableaux, la direction publie les salaires moyens ainsi que les rémunérations fixes + variables. Prenons par exemple les non cadres.
Voici les salaires fixes :

HOMMES	FEMMES	MOYENNE
28 373	25 862	27 118

Voici les rémunérations (fixe + variable) :

HOMMES	FEMMES	MOYENNE
28 373	25 862	26 579

Vous ne trouvez pas une bizarrerie ? Attendez un peu… les deux moyennes de la 3e colonne sont différentes alors que les moyennes hommes et femmes sont les mêmes (les non cadres n’ont plus de variable depuis notre « séparation » de Sopra). Celle du premier tableau est la moyenne des deux colonnes précédentes (hommes et femmes). Celle du second tableau…ne signifie rien de connu jusqu’à ce jour. Et si vous contiez connaître le salaire moyen des non cadres (hommes et femmes confondus)….tant pis pour vous, aucun de ces deux chiffres ne l’indique.

Audacieuses additions !

Pour en finir avec les chiffres, nous ne résistons pas au plaisir de vous faire partager un dernier petit morceau d’anthologie mathématique. Preuve de l’attention particulière portée aux moindres détails, voici un extrait de la répartition des effectifs par classification :

Classifications	HOMMES	FEMMES	TOTAL
DHG	11	0	11
I3.2	14	0	13
I3.1	71	12	82
I2.3	97	25	122
I2.2	78	23	99
TP1	2	9	10
T3	2	0	1
T2	1	2	3
T1	2	2	4

Dans le tableau complet, la moitié des totaux sont faux. Sans commentaires.

Les meilleur n’est pas à l’intérieur

Le plus fâcheux réside malgré tout dans les omissions. En effet, au-delà des chiffres, chaque rapport est l’occasion de faire le point sur les mesures engagées en vue d’assurer l’égalité professionnelle et de se fixer des nouveaux objectifs. Enfin, ces mesures doivent être financées. Il n’y a rien de tel ici ! Il ne s’agit pas pour la direction de se livrer à des exercices de voyance mais simplement de se fixer un cap et de juger année après année de sa progression. Bref, avec ce document, nous savons à peu près ou nous sommes mais certainement pas où nous allons.
Pour la CGT Axway, il est temps de passer aux actes ! Lors de la réunion CE de janvier, les élus de l’Intersyndicale ont indiqué plusieurs axes concrets afin de combattre les inégalités professionnelles. L’un d’entre eux étant de travailler sur les populations assimilées cadres et non cadres lesquelles, bien que pesant moins de 7 % de l’effectif total, représentent plus de 21 % de l’effectif féminin ! Des efforts de formation, de promotion et de salaires sont nécessaires. Les élus ont également demandé une véritable étude « des disparités entre professions à niveau de responsabilité équivalente […] -sans à priori et en toute transparence ». Ce serait tordre le coup au principe d’individualisation des salaires à outrance mais c’est à ce prix que nous pourrons obtenir « à travail égal, salaire égal ».

Cet article est issu du Petit Coquelicot trimestriel de mars 2015.
* : la terminologie officielle est « rapport de situation comparée », le terme couramment employé « rapport égalité professionnelle femmes hommes » est utilisé pour plus de clarté.