Lettre ouverte de la CGT Axway au Ministre du travail

Puteaux, le 26 novembre 2014

Monsieur François Rebsamen,
Ministre du Travail, de l’Emploi,
de la Formation professionnelle et du Dialogue social

Monsieur le Ministre,

 

Nous tenons à vous exprimer notre colère face aux nombreuses attaques dont sont victimes les salariés et le monde du travail. Pas un jour ne passe sans que de nouvelles idées censées nous « sortir de la crise » menacent de plonger les salariés dans une plus grande précarité et de bâillonner tout moyen de leur expression libre en entreprise.

Nous sommes sensibles au chômage et à la précarité qui touchent nombre de nos compatriotes ; nous en connaissons tous, parmi nos proches et jusque dans nos familles. Ce gâchis humain nous est inacceptable. Il appelle des solutions profondes, qui doivent bousculer les déséquilibres sociaux et non les renforcer.

Monsieur le Ministre, nous sommes avant tout des salariés, soucieux de la qualité de notre travail et de la santé de notre entreprise. Nous avons la volonté de faire en sorte que l’entreprise répartisse équitablement les fruits des efforts de chacune et chacun. C’est notre implication professionnelle qui nous a poussés à devenir élus du personnel, car il existe bien un espace démocratique en entreprise, durement gagné au fil des luttes. C’est notre souci de bien faire qui nous a également poussés à nous syndiquer. Si l’essence même du syndicalisme réside dans les lieux de travail, c’est aussi notre réseau de solidarité qui nous permet de nous former, de nous informer et d’échanger nos expériences de terrain. Monsieur le Ministre, il ne vous aura pas échappé qu’un grand nombre de lois ont un impact sur notre façon de travailler et que seule une organisation syndicale peut maintenir ses membres à jour sur des domaines aussi variés que le droit du travail, la santé, l’égalité professionnelle ou l’économie.

Monsieur le Ministre, le patronat évoque aujourd’hui le coût de la représentation démocratique en entreprise pour pouvoir l’amoindrir. Sensible à ce raisonnement, vous vous apprêtez déjà à supprimer les élections des conseillers prud’homaux, seules élections universelles et simultanées dans le monde du travail privé. C’est maintenant la démocratie d’entreprise qui est dans le collimateur du grand patronat qui ne supporte pas qu’il puisse y avoir des contre-pouvoirs « chez lui ». Si l’action des élus de la République paraissait insupportable aux yeux des possédants, serait-elle supprimée sous prétexte de son coût ou de son entrave à la libre accumulation des richesses ?

Nous sommes consternés d’entendre le MEDEF assurer que les seuils sociaux sont un frein à l’emploi. Quel est le rapport ? Ses représentants et ceux qui relaient leurs inepties n’ont aucune expérience de la vie en entreprise en tant que cadre, ouvrier, agent de maîtrise ou employé.

Concrètement, dans notre entreprise, seuls les délégués du personnel syndiqués remplissent leur fonction et sont à même de représenter les salariés auprès de l’employeur. Seuls les élus syndiqués assistent les salariés menacés de licenciement.

Les élus CGT que nous sommes, facilement vilipendés pour leur « jusqu’au-boutisme » s’impliquent dans les négociations, signent des accords d’entreprise pour le bien de tous les salariés. Ils participent chaque jour sur le terrain à la vie de l’entreprise.

Jamais dans l’Histoire, la précarité ou les mauvaises conditions de travail n’ont été la garantie du bien-être de nos concitoyens qui devrait être la seule de nos préoccupations. La présence d’élus formés et capables d’informer et défendre leurs collègues est un des piliers de cet objectif.

Au nom de l’ensemble des élus DP, CE, CHSCT et des représentants syndicaux, Monsieur le Ministre nous vous demandons instamment de nous laisser travailler.

Recevez, Monsieur le Ministre, nos respectueuses salutations.

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