Contrat unique : maintenant les privilégiés c’est vous !

Une intense campagne médiatique ressort une vielle idée maintes fois reléguée aux oubliettes. Avancé puis retiré sous plusieurs gouvernements précédents (on se souviendra du CPE du gouvernement Villepin retiré sous la pression de la rue), c’est au tour de Manuel Valls de déclarer au sujet du contrat unique, « l’idée intéressante« . Jamais à court d’idées dans la course au moins-disant social, le Premier ministre cite Jean Tirole, récipiendaire du prix de la banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel (abusivement appelé prix Nobel). Ce dernier faisait la promotion du contrat unique sous prétexte que le « la protection excessive des CDI, se traduit par la précarisation de tous les autres (sic) ». De tels propos sont relayés par un chiffre tout aussi choc : au premier trimestre 2014, 84% des embauches sont en CDD. De telles attaques sont pourtant battues en brèche par l’analyse. Selon une étude de la DARES, le nombre de CDI est resté stable à 87% entre 2000 et 2013 ; le nombre élevé d’embauches en CDD s’explique selon cette même instance par « une très forte progression des contrats de très courte durée« .

L’analyse des économistes ultralibéraux fait aussi volontairement l’impasse sur un point pourtant capital. Depuis l’après-guerre, la part des salaires dans la valeur ajoutée a globalement diminué au profit -entre autre- de la rémunération du capital !

Le contrat unique est donc une nouvelle pierre dans le jardin des salariés incités à s’opposer les uns aux autres : après le public contre le privé, les chômeurs contre les actifs, voici venu les CDI contre les précaires !

A quoi ressemblerait un tel contrat ?

Si les contours de ce type de contrat ne sont pas bien définis, des propositions s’étaient déjà fait entendre sur le sujet lors de tentative d’instauration d’un tel dispositif.

Le contrat remplacerait tout ou partie des contrats existants (contrats aidés, CDD, CDI) ; il serait à durée indéfinie ou attaché à l’accomplissement d’une mission (souvenons-nous de la tentative du Syntec, il y a quelques années, pour imposer le contrat de mission aux informaticiens). L’un des axes étant de remplacer le licenciement jugé anxiogène pour les entreprises par une « taxe au licenciement ». Cette taxe exonèrerait l’employeur de justifier le licenciement, et de faire des propositions de reclassement en cas de licenciement économique.

Et chez Axway ?

Si la direction d’Axway se targue d’avoir un faible nombre de recours au CDD -ce qui est exact- elle semble s’être débarrassée de son anxiété que représente le licenciement. Dans son rapport sur le bilan social 2013 (disponible sur Jive), les élus de l’Intersyndicale pointaient du doigt un nombre de départs jamais constaté -79- dont 8 licenciements et 13 ruptures conventionnelles. Ces chiffres, les plus hauts jamais mesurés chez nous, ont coïncidé avec une baisse inédite des effectifs en France alors que l’effectif mondial augmentait. Pendant ce temps, les dividendes, eux, augmentent bon train : 7,1 Millions d’euros en 2013 soit environ 2 Millions de plus que l’année passée.

En somme pour mieux embaucher, il faudrait d’abord virer !

Les esprits les plus imaginatifs assortissent même ce contrat de droits progressifs, le salarié ne sortant de sa précarité qu’au fur et à mesure que son ancienneté progresse….s’il n’est pas licencié avant.

Interrogé récemment sur l’antenne d’Europe 1, Thierry Lepaon réaffirmait son opposition et celle de la CGT à l’idée du contrat unique qui ne pourrait que produire un « affaiblissement du CDI et un accroissement de la précarité« .

 

Le patronat, aidé par les gouvernements successifs, n’est jamais à court de diversions pour occulter le débat public sur la vraie question : celle de la répartition des richesses produites par les salariés dans leurs entreprises. Avec la CGT, portons le débat là où il doit avoir lieu !

Cet article est issu du Mini Coquelicot de décembre 2014.

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