« Bonjour à toutes et à tous,
Nous sommes heureux de vous annoncer la mise en place d’un nouveau programme Axway : Refer : le Programme Global de Cooptation Axway. »
C’est par cette accroche que débute le courriel adressé le 3 juin dernier aux employés d’Axway « all the world ». Dans la pièce jointe attachée, nous pouvons lire : « Ce programme permet à chacun de nous de contribuer directement au succès de nos équipes et de l’entreprise dans son ensemble en identifiant et en proposant les personnes les plus talentueuses que nous connaissons ». Mais de quoi s’agit-il au juste ?

Une vieille méthode remise au goût du jour

La cooptation est vieille comme le monde : recommander son frère, son voisin ou un ami auprès d’un chef a longtemps été une solution évidente pour pourvoir un poste. Elle connaît un regain ces derniers temps, de par le manque actuel de personnel qualifié dont se plaint nombre d’entreprises. Divers sites internet en rapport avec ce mode de recrutement ont vu le jour. Une technique censée avantager toutes les parties : les employés qui y participent peuvent obtenir des primes, les recrutés se sentent d’emblée en confiance, connaissant quelqu’un en interne, et les recruteurs estiment perdent moins de temps.

Attention aux retours de bâton !

Les conséquences de la cooptation sur le management ne sont pas à négliger. Le nouvel embauché, soupçonné d’avoir été « pistonné », doit parfois faire ses preuves durant de nombreux mois. De plus il faut éviter de recruter des nouveaux totalement semblables au personnel existant, l’homogénéité n’étant pas toujours sans inconvénients. Enfin, la cooptation peut engendrer certains conflits d’intérêts : peut-on sans risque oser dire ouvertement qu’un nouveau envoyé par un haut gradé ne convient pas ? Comment signaler à son ami qu’on a fait entrer dans l’entreprise qu’il ne convient pas non plus ? Mieux vaut y réfléchir avant de coopter.

Tous recruteurs ?

Au final, cela revient à confier aux salariés un premier travail de sélection :« Qui mieux que nos collaborateurs pour chercher et recommander des candidats avec les talents, valeurs et expertise nécessaires pour nous aider à réaliser nos objectifs futurs ? » précise le courriel reçu par les salariés. Or, ça n’est pas leur métier. La cooptation trouve ses limites dans les acteurs qu’elle mobilise : rien ne garantit qu’un employé soit qualifié, ou même objectif, pour filtrer parmi son réseau des candidats potentiels pour le poste à pourvoir. De plus, en supposant que ce procédé fasse gagner du temps au pôle RH, c’est parce qu’il en prend ailleurs, et les coopteurs n’en ont pas forcément à passer sur ce genre de mission. C’est pourquoi 11% des entreprises instaurent un système de prime à la cooptation ; Axway s’y inscrivant pleinement. Mais là encore, le système peut dériver : les récompenses peuvent rendre le processus intéressé et développer une certaine compétition entre les coopteurs. De plus, si le processus n’est pas transparent, les suspicions de copinages peuvent aller bon train. Le « copinage » constitue d’ailleurs un autre danger pour l’entreprise ayant recourt à la cooptation. Outre le manque d’éthique qui en ressort, il peut engendrer un phénomène de clonage lorsque la cooptation est dirigée exclusivement vers des profils identiques à ceux des employés. C’est le cas notamment des cooptations exclusivement entre anciens élèves.

Différentes variétés de carottes chez Axway

Grade	Montant de la prime
E et dessous	$350.00
F à I	$500.00
J et K	$1000.00
L et au-delà	$3000.00

Dans le tableau ci-dessus -extrait du document joint au courriel du 6 juin- le montant de la prime de cooptation proposée est fonction du « grade » afférent au poste à pourvoir ; les lettres de la colonne de gauche correspondant aux grades figurant dans le référentiel métier Axway (Job Matrix) : plus le grade est élevé (L et au-delà), plus la carotte est conséquente. Contrairement à Intermarché, le prix du kilo de carottes chez Axway n’est pas le même pour tous !
En outre, nous ne sommes pas persuadés qu’un salarié Axway de catégorie E ou en dessous ait beaucoup d’opportunités de « recommander » un potentiel candidat de
catégorie L et au-delà. Heureusement, « Axway est un employeur qui offre l’égalité
professionnelle. » ; c’est le HR Referral qui l’écrit, alors …

L’article est issu du petit coquelicot trimestriel du mois de juin 2014.